Rencontre Le semeur de cirque
Émerveillé, Pierrick Capelle accueille un festival de cirque sur sa ferme picarde pour la septième fois. Maire de son village de Flers (Somme), il revendique une culture accessible à tous, notamment aux ruraux.
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La pression monte pour Pierrick Capelle. Ce producteur de plants d’endives se prépare pour un week-end de cirque sur son exploitation. « C’est la septième édition, mais j’éprouve toujours autant de plaisir », s’enthousiasme le jeune agriculteur. Maire de Flers, peuplé de 192 âmes, il accueille, depuis 2013, le « Cirq ô champs », cocréé avec une experte en arts de la rue, brésilienne, habitant au village. La fête a rapidement trouvé sa place. Pierrick reçoit la manifestation dans sa ferme, épaulé par la mairie et des bénévoles pour la logistique. Le pôle du cirque Jules Verne d’Amiens et une compagnie locale gèrent la venue des artistes. Le festival a essaimé dans de petites villes voisines.
La joie sur les visages
À 37 ans, Pierrick a encore des étoiles plein les yeux. « Mes parents m’emmenaient chaque année en juin aux spectacles des arts du cirque à Amiens », se souvient-il. De 5 à 16 ans, il vit intensément ces moments de bonheur intergénérationnel. Alors, aujourd’hui, il considère le festival de Flers comme une chance, un cadeau, l’occasion de stimuler son imaginaire. « C’est comme mes vacances, même si cela me demande beaucoup d’énergie. Après la moisson, le dernier week-end d’août, avec mon épouse nous intégrons un autre monde, nous vivons au rythme de la magie. » Le paysan n’hésite pas à servir de cobaye ou de naïf lors des tours, ou à jouer Monsieur Loyal. La ferme se métamorphose avec plus de cent petits ballots de paille, une loge dans le bureau, parfois une piste pour les chevaux ou des aménagements éphémères insolites. Dans cette ambiance familiale et champêtre, le succès est au rendez-vous avec six cents festivaliers en 2018.
Spectateur averti, Pierrick éprouve un profond respect pour les acrobates, de véritables athlètes maîtrisant souvent le chant, la musique et l’humour. Mais les clowns gardent sa préférence, avec les différentes lectures possibles de leur message, souvent très profond. « Les sourires, la joie sur les visages, notamment ceux de mes deux filles, constituent ma plus grande récompense. »
Un acrobate brésilien lui a assuré que les artistes de rue et les agriculteurs pratiquaient le même métier. « Produire de la culture pour nourrir les gens en s’adaptant à l’environnement, à la météo et aux attentes du public. Avec bien sûr pour tous, beaucoup de plaisir à la clé. »
Marie-Pierre Canlo
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